l'album explosif du Last Train

Le groupe de rock alsacien a retourné les festivals cet été grâce à son nouvel album. Sobrement intitulé III, le disque sorti fin janvier explore les émotions brutes. Avec des sonorités mordantes, il offre une image plus mature de Jean-Noël Scherrer et de ses acolytes.

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Une minute et cinq secondes. Voilà le temps que prend le premier riff de guitare à arriver dans « Home », le morceau d’introduction à III. Avant lui, rien ou presque. Un silence, suivi par quelques phrases à demi-chantées. Après lui, un cri rageur, viscéral, implacable. Le genre de cri qui transpire l’urgence à grosses gouttes. Last Train n’a jamais été là pour être sage, mais avec ce troisième opus, le groupe semble vouloir en découdre.

Rappelons-le, les quatre Alsaciens nous avaient habitués à un rock plutôt porté sur l’émotion. Les codes du genre restaient jusque-là très respectés, en flirtant souvent avec la musique classique : dans Original Motion Picture Soundtrack, leur disque précédent sorti en 2024 (non les gars ne se reposent jamais), ils avaient fait appel à l’Orchestre Symphonique de Mulhouse pour réinterpréter d’anciens titres. Pour III, il n’en est rien. Exit les mélodies propres, place au rock brut, dissonant au possible.

Mais si les sonorités de ce disque sont résolument plus violentes que leurs albums précédents, elles n’en sont pas moins travaillées. Bien au contraire. Des accords aux techniques vocales, tout, dans III, montre un progrès notable. La voix de Jean-Noël a l’air beaucoup plus affirmée : plus riche en nuances, son timbre sonne moins nasillard que dans les projets précédents. Niveau instrumental, là encore, il y a du progrès. La batterie d’Antoine dans « All to Blame » est déjantée, les crescendos des guitares au milieu de « One by One » tellement satisfaisants à l’oreille. La basse de Tim n’est pas en reste elle non plus : mention spéciale à sa performance dans « Revenge ». Mais au milieu de toute cette évolution reste quand même un élément caractéristique dans la musique de Last Train : le silence. Toujours présent, toujours plus lourd pour mieux surprendre. Bref, si on devait résumer III d’un point de vue purement musical, ce serait sûrement avec ce paradoxe : une cohésion joyeuse dans un bordel violent.

Seul point noir à l’horizon : le manque de thématiques abordées. L’angoisse de la page blanche, la peur que le succès s’arrête…des sujets déjà bien abordés dans les albums précédents, qui donneraient presque l’impression d’une plaie encore ouverte. Pourtant, face à ces doutes (très) tenaces, le groupe semble là aussi plus mature. Le projet, clôturé par l’implacable « I Hate you », donne aux quatre amis d’enfance une sorte de sérénité nouvelle. Les quatre dernières notes, juste au piano, sonnent presque comme la lumière après le chaos. Avec ce troisième album, les membres de Last Train ne se cherchent plus : ils se positionnent. Et ils le font sereinement. Parce qu’après tout, “if this must be the end, let it be loud”

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