Rest Up nous parlent de leur nouvel album, de la définition de leur musique et de l’idée de “vendre son âme”
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Il y a environ quatre ans, Hippolyte (bassiste) et Hugo (batteur), amis de lycée, ont croisé par hasard Simon, leur futur chanteur, alors qu’ils écoutaient de la musique dans un parc. Les trois se sont liés autour de leur passion commune, et Rest Up est né. Vivant à Angers, petite ville de l’ouest de la France, les garçons ont commencé à répéter et à développer leur propre son singulier.
(Right To left) Simon, hugo, and hippolyte, by alessandra berry
En ce qui concerne leur genre musical, il n’y a pas vraiment de terme qui leur corresponde.
« On n’aime pas trop utiliser une étiquette pour notre musique, parce qu’on sait qu’elle est très éclectique. Elle peut être très douce et très brute en même temps »
commence Simon. « La fille qui a travaillé sur notre biographie, elle a utilisé le terme fuzzpop. J’aime pas. » Simon explique que même si leur son ne peut pas vraiment être perçu comme du “punk”, ils restent très influencés par l’énergie que ce courant véhicule. « C’est pour ça que beaucoup de gens disent qu’on fait du post-punk, j’imagine. Mais en fait, on met toutes les nouvelles formations là-dedans (dans la case post-punk). »
Cette difficulté à définir leur son vient de leur manière très intuitive d’écrire leurs morceaux.
« On ne répète pas avec une idée précise de chanson en tête. La plupart de l’album est né de petits accidents heureux. Tester une pédale ou essayer un truc nouveau à la guitare ou à la batterie, et puis dire ah tu peux rejouer ça ? et ça devient un morceau… ça dépend de l’humeur du jour », révèle Simon.
Avec ce nouvel album, cependant, le groupe s’est retrouvé dans un environnement complètement différent. « Je pense que le plus grand défi, ça a été d’aller en Angleterre pour l’enregistrer, parce qu’on voulait vraiment que ce soit un moment spécial pour l’album », explique Simon. Ayant eu l’opportunité d’enregistrer avec Daniel Fox de Gillaband, les Rest Up ont dû sortir de leur zone de confort pour tenter quelque chose de nouveau. « On était tous d’accord pour dire que Gillaband est l’une de nos plus grandes inspirations, donc travailler avec (Daniel) c’était un vrai challenge parce qu’on devait faire ce qu’on aurait fait dans n’importe quel studio, mais avec un gars qu’on admire vraiment. » Dans l’ensemble, le processus de création de l’album s’est pourtant déroulé de manière très fluide. « On a juste passé sept jours à l’enregistrer et tout s’est très bien passé. Même avec Daniel, il a vraiment aimé bosser dessus. »
Une fois la partie création (c’est-à-dire la partie fun) terminée, les garçons ont dû s’attaquer à la promotion de l’album. « On doit être sur WhatsApp chaque minute de la journée », rigole Hugo.
« Les labels collaboraient avec nos bookers pour nous faciliter les choses, mais on en apprenait énormément à ce moment. Je crois qu’aucun de nous ne s’attendait à tout ça. On pensait qu’une fois qu’on avait un label, c’était simple et que tout roulait tout seul, mais en fait non. En vrai, il faut bosser (rires). Mais c’est super »
explique Simon.
Ayant commencé par une approche assez niche, cherchant davantage la performance technique que l’accessibilité, Rest Up a décidé de tourner la page de cette époque de leur son. À tel point qu’ils ne jouent même plus les morceaux de leur premier album en live. « It Was Summer fait partie des morceaux qu’on aime le moins, enfin disons qu’on n’est plus en accord avec. Si on le rejouait maintenant, ça n’aurait plus beaucoup de sens pour nous », admet Hippolyte. Hugo ajoute :
« Il y a quand même quelques morceaux qu’on aime toujours. Je pense que Perfect Lies et Ties In Pocket Squares en font partie. Peut-être qu’un jour ils reviendront dans les setlists, mais avec tous les nouveaux morceaux, ils ne collent plus. »
Rest up perform at chien stupide, by sixtine cail
Parce qu’ils veulent être mieux reçus par le public, Rest Up a changé d’attitude dans sa manière de créer. Simon explique qu’ils ne font désormais plus « de la musique pour musiciens mais de la musique pour tout le monde. Parce qu’au début, on voulait vraiment être tout sauf mainstream. On a même eu notre période de haine envers Fontaines D.C., par exemple, parce qu’ils étaient devenus mainstream. Mais je comprends un peu mieux aujourd’hui. Ce n’est pas mal. C’est super important de faire de la musique pour tout le monde ; de créer une musique qui rassemble et des espaces où les gens peuvent s’exprimer. La communauté avec le public se construit avec des choses simples à partager. »
Maintenant qu’ils ont de nouveaux morceaux dont ils sont fiers, leur priorité est de perfectionner leur set live.
« Je crois qu’on veut construire un concert qui ressemble vraiment à une performance. Quand tu viens à un concert de Rest Up, tu dois entrer dans une ambiance particulière, tu ne vois pas juste un concert. On veut créer une petite bulle le temps d’un instant »
dit Simon.
Bien que Rest Up soit littéralement un jeune groupe — Simon, Hippolyte et Hugo ayant tous moins de 23 ans — ils ont déjà beaucoup appris sur eux-mêmes et sur la musique qu’ils veulent créer. Leur nouvel album est sans conteste un pas dans la bonne direction. Leur morceau Weekend Girlfriend a d’ailleurs un gros potentiel de tube, à écouter sans modération !